Rien ne pourra m’empêcher de prendre ce départ. Cette course, l’Ut4M, c’est mon histoire. Je veux être là. Sentir l’émotion qui monte au fond de mes tripes. Avoir les jambes qui frétillent d’impatience. Partager les regards complices sur la ligne. Rien ne pourra m’empêcher de prendre ce départ. Même si, je le sais, l’arrivée est certainement trop loin cette fois ci.
Vendredi 21 juillet 2017. 14h03.
Crac. Mon gros sac quitte mes épaules et est propulsé vers le sol. La douleur est immédiate. Intense. Violente. Mon dernier jour sur la traversée des Pyrénées est passé subitement de paradis à enfer. Ma cheville a craqué. Les premières secondes, instinctivement, je pense « tu approches du refuge des Bésines, il est inaccessible aux voitures, sois forte, il va te falloir encore quatre bonnes heures de marche pour atteindre Merens ». Les secondes suivantes, je sais. C’est sérieux là. C’est grave. Ton Ut4M dans quatre semaines est foutu. La fête est finie.
Dimanche 23 juillet 2017.
J’ai un pied d’Elephant Man. Je suis blessée. Pour la première fois. Dans mon corps. Dans ma tête aussi. Pourquoi ?
Lundi 31 juillet 2017.
Petite cheville a presque complètement dégonflé. L’hématome n’est pas si important. L’argile verte est devenue ma meilleure amie. J’ai enlevé l’atèle. Je marche sans douleur. Je manque de souplesse mais je progresse depuis quelques jours. Si je cours dix mètres, j’ai mal. Un jour avec. Un jour sans.
Vendredi 4 août 2017.
Je ne sais plus. Je déteste qui je suis devenue en ce moment. Je ne pense plus qu’à ça. Comme si cette cheville était hors de moi, un être à part entière. Comme si mon corps la rejetait, la séparait du reste. Je prends soin d’elle. Plus que de ceux qui m’entourent. Je ne pense plus qu’à ça. Je ne parle plus que de ça. Je déteste être comme ça. Pardon.
Mercredi 9 août 2017.
J’ai toujours mal en courant. Je teste. Dès les premiers mètres. Quand je monte, ça tire aussi. Un peu. J’apprends à gérer cette douleur. J’ai réussi à faire 5 km. Je serai au départ. Pour 169 km. Et j’irai jusqu’où je pourrai aller. Sauf si on me l’interdit. J’irais en douceur. A l’écoute de cette petite cheville. Puisque de toute façon, je ne parle et n’entend qu’elle depuis maintenant 20 jours.
Mercredi 16 août 2017. 11h13.
Je pleure. Seule dans ma chambre d’hôtel. Mes challengers sont partis ce matin pour le Vercors. Je sors de l’osthéo. Il ne m’a donné qu’une seule consigne si j’y vais : protéger la cheville en descente avec des bâtons. Oui. Mais je n’en ai pas. Et je n’en ai jamais utilisé. Alors c’est idiot mais c’est la petite goutte d’eau qui me submerge. J’évacue enfin 26 jours de tension. Et je sombre. Trois heures. Profondément. Au réveil, ma cheville a réintégré mon corps. Les fées à plumes et le petit lutin se sont penchés sur mon berceau. Tout s’arrange. Oui la magie se produit. J’aurais des bâtons de protection confiés par mon ange gardien. Je me sens soutenue, entourée, aimée. Alors j’y vais.
Jeudi 17 août 2017. 17h59.
L’obstacle t’est proposé pour que tu le dépasses. Je suis dans le sas avec Raphaël. Tout est allé très vite. Romain n’est pas loin. Lionel aussi. Marilyn gambade dans l’Oisans. Je croise de nombreux sourires. Connus ou inconnus. Ludo donne le la. Un bisou sur une joue, le deuxième à l’arrivée. Promis. Peu importe jusqu’où j’irai. J’ai réussi. Je suis là. Et je n’ai jamais été aussi heureuse de prendre le départ pour les montagnes.
18h28.
Je m’étais préparée à souffrir sur les cinq premiers kilomètres de plat dans Grenoble. Et plus que la cheville qui tape sur le bitume, c’est la chaleur qui remonte du sol et nous tombe dessus qui me fait mal. Cette longue ligne droite sans fin pour quitter la ville. J’étouffe. Impossible de s’arrêter, il faut suivre, rester groupés. Après trente minutes de calvaire, voici le sentier. Bienvenue sur l’Ut4M, vous entrez dans le Vercors. Je m’assois. Ca tourbillonne dans ma tête. Faire redescendre le feu intérieur. Voilà. C’est bien. Tout va bien aller Milie.
21h35.
La lumière orangée ne quitte pas l’horizon. Le bleu nuit s’installe pourtant doucement. L’air se rafraichit. La température est parfaite pour monter au Moucherotte. Je me sens bien. J’ai pris mon petit rythme d’ultra. D’un pas sûr, j’ai recollé au petit peloton devant moi, tout en observant, en prenant petit à petit des automatismes avec mes bâtons. Au départ, je n’étais pas du tout synchro, un peu empotée avec ça dans les mains. A présent, en montant, je commence à les oublier. Mes jambes grimpent sans peine. D’ailleurs c’est incroyable la différence, la facilité que cela apporte. En plaisantant, je dis que c’est de la triche, pire que du dopage ! Et j’ai repris peu à peu confiance dans la montée du tremplin de Saint Nizier. Repris des forces aussi et fait le plein de bonnes ondes avec mes parents qui me scrutent pour vérifier que tout va bien. Ils ne seront jamais bien loin. Et veilleront sur moi cette nuit, en pensées. Ainsi que quelques belles âmes que j’ai eu la chance de rencontrer par les petits hasards de la vie.
22h12.
Table d’orientation du Moucherotte. Km 17. Alt. 1900 m. Quelle vue incroyable sur Grenoble en contrebas. Les lumières scintillent comme des étoiles par milliers. La crête est impressionnante de nuit. Le vide est là, tout près. Nous passons prudemment sur les rochers avec mes compagnons de route Jacques et Thierry. Pas simple de progresser dans le halo de la frontale. Et ces bâtons dans les mains… une seule envie, les ranger. Une seule consigne, les garder.
23h15.
Je quitte le ravito boîte de nuit de Lans en Vercors avec le loup belge. La descente s’est faite tranquillement jusqu’ici. Je prends garde aux trous dans la pelouse, reste sagement dans les petits sillons creusés par les randonneurs. Je rêve de courir dans les pierres qui roulent. A fond les ballons. Mais je me suis fait la promesse d’être raisonnable. Mimi, tu prends ce départ, mais tu ne fais pas ta nouille. Ton corps te le rendra. Je me suis donc fait distancer et je suis seule quand je découvre les spots et la musique à fond. Quelle ambiance ici ! Au beau milieu de la nuit. Je dévore tout ce que je trouve. J’en profite. Je sais que cet état ne dure jamais. Qu’il faut ensuite lutter pour s’alimenter. Raphaël est là. Nous reprenons la route ensemble. Pour la nuit. Doucement, mais on avance. Tiens, une vache avec un gilet rétroréfléchissant. Mais qu’est ce que c’est que ce machin ?! Le Pic Saint Michel se mérite. Les bâtons m’aident mais je préfère mettre les mains sur les rochers. Bref. Et revoilà Jacques. Je le rejoins toujours avant la fin de l’ascension. Pas si mal pour une boiteuse.
Vendredi 18 août 2017. 02h49.
Saint Paul de Varces. Km 32. Alt. 370 m. La descente a été longue. Interminable. Plus d’1h30 à tenter d’accélérer. Sans succès. Ce n’est pas sur cette course que je rattraperais mon retard dans les descentes. Pas intérêt de flancher dans les montées… Une fois de plus, bienveillance et sourires réconfortants sous la tente de ravitaillement. Je sais pourquoi je reviens ici chaque année. Et si l’esprit trail existait finalement ? S’il était là ? Dans les yeux des bénévoles.
5h25.
Base de vie de Vif. Premier massif : check. Cela fait près d’une heure que nous sommes ici. Ravitaillement, rangement du sac, séance détente allongée sur l’estrade. Impossible de dormir mais le repos et les étirements m’ont redonné une belle dose d’énergie et je parviens de nouveau à avaler un bouillon et un mini mars. Nous avons peu d’avance avec Raphaël sur la barrière horaire. Je ne cesse de lui dire de filer, mais il reste. Je suis trop lente en descente, je le sais, je le sens. Mais le Vercors est à présent derrière moi, sans bobo ou douleur excessive. J’oublie enfin mes craintes physiques. Et je commence à me dire que sur un malentendu… tout est possible ! Allons-y ! J’ai de toute façon déjà gagné le droit de découvrir l’Oisans. Mon rendez-vous tant attendu ! Ce que je redoute ? Le soleil brûlant qui va arriver dans quelques heures.
8h30.
Laffrey. Km 53. J’aime cet endroit. J’aime ces gens. Je me sens bien. C’est l’effet 50e. Mes parents sont là. Toujours. Avec eux je me sens forte. Je viens de passer la nuit dehors dans la montagne mais mon corps se réveille. Mes yeux s’ouvrent. Je me trémousse sur la musique, ça fait rire tout le monde. Je laisse Raphaël filer. Je ne veux pas le ralentir. Allez vas y ! Il faut qu’il fasse sa course. Et moi la mienne. Il est temps maintenant. Je prends tout mon temps au ravito, je discute, tant pis pour le chrono. Ce n’est pas le propos aujourd’hui. Je profite ! Les reflets sur le lac annoncent une très belle journée. Oui. Je suis dans l’Oisans !
11h00.
Ce type a voulu être gentil c’est ça ?!! En s’exclamant « bonne nouvelle, tu as atteint le sommet, ça ne grimpe plus jusqu’à la Morte ». Ou alors il s’est fichu de moi ? C’est un dangereux sadique ? Pas le courage de rebrousser chemin pour lui dire ce que j’en pense, mais il ne perd rien pour attendre ! Dans la montée, je le hais. Ce n’est peut être que 100 D+ mais là je n’en peux plus. Bordel ! Et sinon… Bah sinon c’est vachement beau ici !
12h05.
La Morte. Km 65. Alt. 1370 m. Pouvez-vous me réveiller à 12h20 s’il vous plaît ? Ils sont bien ces lits de camp. Mais je n’arrive toujours pas à dormir. Je reprends juste des forces pour le Pas de la Vache, l’une des plus grosses difficultés du parcours de l’XTrem. Pas trop d’appétit. Je mange une petite compote, embrasse mes parents et prends connaissance des messages qui sont arrivés sur mon téléphone. Il y a ceux des proches et des confidents. Qui font sourire. Ou qui rassurent. Et les plus inattendus. Qui surprennent. Qui émeuvent. Qui rendent plus forts. Ceux qui vous donnent envie de vous surpasser. Non plus pour vous. Mais pour eux. Allons voir ces lacs…
14h33.
Je devrais être là haut. Allez Mimi, tu y es presque. Il fait si chaud. 300 D+… 280 D+… 260 D+… Le Pas de la Vache… Oh la Vache ! Et c’est la normande qui parle. Ca cogne. Allez, pas de coup de mou dans la montée. Ne lâche pas. Aujourd’hui, tu ne peux pas te le permettre. Ne traîne pas trop. Sinon, la douche, le dodo, l’osthéo, le plat chaud, tout ça va te filer sous le nez à Rioupéroux. Tu ne peux pas te le permettre…
14h50.
Si ta volonté te lâche, dépasse ta volonté. Cette phrase d’Emily Dickinson, elle résonne dans ma tête sans cesse depuis un mois. Et elle prend tout son sens à cet instant.
15h10.
C’est sublime. Magique. Le panorama est grandiose. J’oublie tout là haut. La descente sur la petite crête puis dans les rochers, les trous, me ralentit encore et encore. Je n’arrive pas à creuser l’écart avec cette fichue barrière horaire. A peine une heure. Si seulement l’organisation l’avait maintenue plus large comme les années passées… Avec des si, je serais déjà à Rioupéroux. Pour la première fois, je lâche prise. Je bascule sans résister. Je n’ai pas envie de me battre contre le temps ou contre mon corps. Je m’assois un peu en hauteur du petit lac d’altitude, je regarde ma douce solitude au milieu de la nature. Et je prends ma décision. L’orage arrive bientôt, la descente technique sera dangereusement glissante. Je n’aurais pas assez d’avance à la base vie pour repartir sereine toute la nuit dans Belledonne. Je ne m’amuse pas, je me freine sans cesse avec mes bâtons. J’adore courir entre les rochers et dans les grandes étendues herbeuses, mais là, je randonne lentement. Je m’effondre. Pour la première fois, je vais rendre mon dossard. Je me sens encore bien. J’ai les yeux picotant mais ouverts. Peu de douleurs aux jambes. Mais j’arrête. Et je n’arrête plus de pleurer. L’orage arrive bientôt. Des petits mots me réconfortent. Thibaut est là, il est venu à ma rencontre. Nous marchons tranquillement vers le lac du Poursollet. Tiens ces fleurs hautes dans le fossé, je croyais que c’était des gens… 23 heures de course… la fatigue visuelle fait son entrée. Oui. J’ai pris la décision. Il pleut des torrents, il grêle même. La course est neutralisée. Et je me suis neutralisée toute seule. Fière, lucide. Debout.
Samedi 19 août 2017.
Je n’ai quasiment aucune courbature (oui, les bâtons c’est définitivement de la triche hi hi). Je n’ai pas la sensation d’avoir parcouru plus de 75 km et 5500 m D+. Et je n’ai aucun regret. Sauf celui d’avoir échoué l’impossible. J’ai croisé de nombreux amis au Palais des Sports tout au long de la journée. J’ai fini par faire mon 2e bisou à Ludo qui s’est exclamé « mais qu’est ce que t’as foutu ?! ». J’ai pu vibrer les larmes aux yeux à l’arrivée de copains finishers de l’extrême et félicité ma Sissi qui s’est battue elle aussi avec sa cheville. J’ai partagé un joli moment avec mes challengers qui m’ont accepté dans leur bulle quelques instants et m’ont permis de finalement vivre ces derniers kilomètres dans Grenoble. Je me suis laissé chouchouter par Nico et ses produits miracles. J’ai rassuré mon sauveur osthéo et mon barman chef de poste qui m’attendaient à Rioupéroux et au habert. Comme d’autres postés par surprise sur le parcours, ce que je découvre petit à petit (on se retrouvera promis). J’ai fait le plein de sourires, de bisous, de bonnes vibrations et d’émotions. Et j’ai compris pourquoi j’étais là à Grenoble. Pour la troisième fois. Ca n’avait peut être pas grand-chose à voir avec le trail finalement. Mais plutôt avec le mot magique qui commence par un grand A.
Mercredi 23 août 2017.
Et si je pouvais rembobiner la cassette ? Et si je recommençais ? Ferais-je les mêmes choix ? Et s’il n’y avait pas eu de crac sur le GR10, serais-je allée jusqu’au bout ? J’ai pris la bonne décision. J’en suis convaincue. Mais le doute est là aussi, je ne peux pas l’empêcher. Caché derrière tout ça. J’ai eu peur. Je le sais. De me faire mal. Il va maintenant falloir avancer avec tout ça. Retrouver la confiance. Assez pour me jeter vers l’inconnu. Pour prendre des risques. Et… virer ces bâtons !
Épilogue.
« Et puis il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie ». Victor Hugo avait sûrement fait l’Ut4M…
Papa & Maman. Romain. Valérie. Pierre. Céci. Apostolos. Stéphanie. Marilyn. Lionel. Vincent. Clément. Charlotte. Seb. Raphael. Lucia. Pierre. Loïc. Emilien. Sylvaine. Michel. Thibaut. Isabelle. Lulu. Carlos. Fred. Nico. Antoine. Alexis. Ludo. Jérôme. Nicolas. Romain. Rémi. Luca. Sylvain. JY. Seb. Ludovic. Sébastien. Nicolas. Gwen. David. Nicolas. Cécile. Romain. Carole. Audrey. Jean-Charles. Yann. Frédéric…
Ut4M Xtrem 2017 – 17 août 2017
169 km 11000 d+
Arrêt au 77e km 5550 d+
7 Comments
Récit exceptionnel où le côté humain prend le pas sur l’aspect performance. Beau ressenti, touchant, qui montre que le vrai exploit est d’aller au bout de soi même tout en restant lucide et en appréciant intensément une autre approche d’une épreuve… mythique !
Un très beau récit Emilie, comme bien souvent ! Content de t’avoir croisé, avant, pendant et après. Courageuse de repartir après la base de Vif. Je me doutais malheureusement de cette fin , poursuivi par cette satanée barrière horaire. Je n’ai pas eut le courage de repartir pour 10,20 ou 30K supplémentaire car je connaissais la fin de l’histoire après ce départ terriblement éprouvant sous le soleil Grenoblois.
J’y retournerai sur ces sentiers ! pas en 2018, mais en 2019 c’est acté !
J’y suis allé également de ma prose et mes “frissons” sur mon site => http://bit.ly/2xorlAW
A bientôt sur les terres Normandes ou ailleurs ;o)
Impressionnante de courage Émilie !!!
Courage pour la suite.
Beau récit. Mais je crains que la blessure ne devienne chronique à avoir couru dessus sur 70 bornes… pas sérieux. Il faut penser au long terme quand on est passionné de course.
Bon courage
Hello Emilie
C’est toujours difficile de prendre ce type de décisions, la raison doit l’emporter sur la passion si on veut durer (crois un “vieux” trailer de presque 60 ans, 20 ans dans son coeur). J’ai eu la même mésaventure à une CCC en me faisant une entorse à 15′ du départ à Courmayeur. J’ai traîné ma misère 55K (Champex) jusqu’a ce q’un médecin me recommande fortement (et justement) d’abandonner. On a tous cette passion en nous et l’abandon fait aussi parti du trail comme des courses en montagne. A te revoir en pleine forme sur les chemins. Perso, je devais faire le challenge, mais faute d’entrainement adapté, j’ai fait Vercors et Chartreuse, pas mal déjà à 59 ans passé !
Forza !
Hello ! Beau récit merci!. J ai eu la même guigne l année derniere entorse à répétition et Cheville en vrac au mois de juillet 16 en descendant la bastille. Arrêt de l entrainement 1 mois et demi avant le départ et abandon à la morte. J’étais vexé d une force……je suis revenu hyper motivé cette année et j’ai fini 10eme de l xtrem, super cool! Je me suis bien amusé sur tout le parcours avec mes chevilles en bétons . Donc , glace, proprioception et dans un mois cheville d acier et dans un 1 ans ut4m xtrem dans la poche!